dimanche 21 février 2010

Van Gogh n'est jamais allé à Tokyo!

Gauguin enchanté par Tahiti, au moins il y est mort : il y a une photo de Greta Garbo devant l'un de ses tableaux, en noir et blanc comme dans les films de l'époque, au temps de Tabu. Ils s'étaient disputés pour un jaune dans le midi de la France. Rien que le ciel, que Klein voulait libre de nuages, pour savourer son bleu allongé sur la plage, le dos à la montagne. Jaune et bleu sont complémentaires, Cézanne le savait bien, de qui hélas Vincent était fou. Pour le théâtre du vide il suffit de se jeter du deuxième étage et de prendre possession du monde. Si l'on veut voir la montagne certains jours froids d'hiver à Tokyo, il suffit de monter sur les toits des gratte-ciels où des hommes âgés font du Tai-Chi. C'est comme dans les limpides gravures de Hokusai, ni relief ni profondeur. L'éthique affleure quand on peint de mémoire, dans un espace et un temps intérieurs il n'y a pas d'effets de lumière incisifs et concrets comme dans les Iris. Le ventre ruisselant de sang ouvert d'un coup de pistolet, et pas sur un commode divan japonais, à Auvers sur Oise...


II - Au rendez-vous des amis

Dada était parti, pas depuis longtemps. Dans l'appartement du couturier français ils restèrent seuls, ennuyés avec ce parfum de Sélavy. Au mur le tableau du jeune italien : Nature morte avec jouets. Ecrire fut pour lui plus naturel que peindre (mais c'est une opinion personnelle). Les rêves se mêlent, s'embrouillant avec ceux de tout maître. Ils en trouvèrent vraiment trop : ils en restèrent suffoqués. De cette mort lente se sauva, en enfilant un vêtement d'Elsa Schiapparelli, celui qui eut le courage de se lever le premier.


III - Armory Show

Francis P. était riche… assez riche pour maintenir cette bande d'artistes pendant au moins vingt ans. Il suffisait de vendre une voiture de temps en temps. Les idées derrière lesquelles faire se perdre le vingtième siècle ne manquaient pas. Et puis le monde n'était pas seulement de ce côté-ci mais aussi de celui-là de l'océan. Ils se déplacèrent en sens contraire, avec la furie d'une perturbation atlantique. L'eau glisse encore sur la céramique blanche du Monsieur Mutt.


IV - La période bleue

Il devait y avoir partout cette odeur de Ripolin. Pour remplir les visages creusés, les ventres vides. Habillé en ouvrier avec le béret bleu. Les hommes et leurs idées traversent toujours les détroits, comme les primitifs : un peu plus tôt ou un peu plus tard. Celui qui serait entré n'aurait vu que le châssis en bois. Le tableau était honteusement tourné contre le mur depuis 1905. On laissa même passer la période rose. Puis un poète osa le retourner...






V - Volare, oh oh

Il y a aussi de beaux travaux roses, peut-être peints au feu à la société du gaz de Paris. Pas seulement le bleu peint en bleu... La vie "en rose". Le rose suit le bleu. Acrobates, arlequins. Masques. L'anthropométrie concrète, huileuse, des funambules. Enfant je voyais souvent la couleur rose de la Gazette du sport pointer hors des poches des bleus de travail. Je pensais que le rouge était la bonne couleur. On peut toutefois utiliser ce qu'on a sous la main. Mais le style impose la monochromie, ça fait chic et ça ne coûte rien!


VI - Joueurs

Cheval en F5, etc. les échecs m'ont toujours ennuyés. D'abord un bûcher pour tous les travaux, problèmes avec Picasso si loins si proches. Maintenu un peu par tous avec des contrats comme des cordes au cou, perdre complètement la face : aux dés, au poker. Homosexuel, ivrogne parmi les avant-dernières consciences figuratives du monde. Avec ces petits cadres dorés et ce verre à déprimer la solennité des matelas et des lampes à bulbe qui rivalisent avec des papes et des singes. Je te vois je ne te vois pas, cher Francis, si l'as gagnant n'est pas celui-ci.


VII - Les bus, les Taj (concept spatial)

Comme la séquence de la douche d'Hitchkock, dans le noir et blanc ascétique de Mulas. Devant et derrière la toile, mais jamais ici ou là! On voit à travers et on voit au loin... Lucio les a toujours appelés des concepts spatiaux. Comme le poudroiement noir et blanc qui grésille à la fin des programmes.


VIII - MY ass, Maiastra

... je ne sais pas si c'est vrai ou pas, mais aller de Pestisani Gorj à Paris à pied, (et elle qui essayait avec tout le monde). Il ne finissait jamais de lisser ces colonnes infinies, il ne les lui vendit jamais... refrain* ... pensai-je en me promenant à Tirgu Jiu et en la regardant de bas en haut.


IX - Potages*

La soupe* de l'art brut est à base de viande. On voit les taches d'huile qui surnagent.


X - Avec un bruit secret

Pelotes. Ou plutôt une pelote serrée entre deux morceaux de fer avec une vis à l'intérieur. Si on la secoue elle fait du bruit. Couleur. Ils l'ont agitée, déroulée, nouée, emmêlée. Elle est là, en évidence.


XI - De Kooning

Londres remplie à la Tate de manifestes avec ce stroke of brush mais la fille ou la petite-fille? Je ne sais plus qui ne voulait pas exposer les travaux marqués par la maladie. De Parkinson ou d'Alzeimer. Tout son travail est inquiet marqué par la vraie maladie non the big disease with the little name mais toute la peinture de notre siècle est un vrai malaise grand grand De Kooning. Je t'apprécie seulement sur les murs des métropoles dans une Londres humide et méprisable qui ne veut aimer que ses parcs artistes!


XI - Jean-Michel

Tu te rappelles Michel... le Picasso noir et ces vestes Armani élégantes et peintes comme des toiles. Je crois que tu y nettoyais tes pinceaux avant de les mettre. Comme les toiles craquelées de Watteau qui utilisait des pinceaux crasseux.


XIII - Merde*

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