vendredi 19 février 2010

two identical manet with 2 chairs

Commandée par Peggy Guggenheim, la grande oeuvre abstraite était tellement encombrante et Jackson Pollock tellement ivre que c'est Marcel Duchamp et un ouvrier qui ont du l'installer.
Aujourd'hui elle est dans le réfectoir de l'Université de l'Iowa (qui n’entend pas la vendre)
quand elle n'est pas en tournée. Je feuillette Frieze dans la lounge de la British Airways et je glisse sur la photo d'un pantin à demi chauve qui ouvre une porte sans lumière : Jackson Pollock looking for bathroom at Peggy Guggenheim's house by Chris Hanson&Hendryka Sonnenberg, 1995.

Démanteler le mythe de l'artiste romantique déjà restitué vierge au siècle à venir, c'étaient les devoirs à la maison du vingtième siècle.

Voilà ce qu'est la consommation culturelle, un film ou un musée quand on cherche rapidement des toilettes au moment où les acides uriques montent de la vessie au cerveau et qu'on ne peut pas faire autrement.

Voilà pourquoi cette Fontaine pissoir * de Marcel Duchamp fut aussi importante pour les incontinents du siècle passé, et introduisit cette idée commode du moderne comme vespasienne.

Non pas que le monde ait changé depuis cent ans. Cette omniprésence présumée, cette ubiquité, cette high-bohème électronique empeste toujours autant les salons des hôtels particuliers du dix-huitième siècle.

Sans doute, entre Warhol et un embaumeur je ne vois pas de grande différence, à moins que ça ne soit à cause de toutes ces taxidermies que je continue à voir : hybrides d'autruches et de kangourous dans un même corps ou écureuils embaumés qui se suicident assis à une table en formica miniaturisée. Plus précisément avec W. Burroughs je pense avec un subtil plaisir existensialiste : qui nous dit que nous ne sommes pas déjà morts
…. l'idée de peindre dans un polygone de tir avec la même concentration et la même exaltation que les fanatiques qui empoignent les pistolets et s'entraînent à atteindre la cible en hâte.
Mourir.. comme Quinley (Peter Sellers), derrière une toile simili-Gainsbourough. Avec la lumière qui passe dans l'alignement des trous de projectiles.

Ne pas parler du chef-d'oeuvre de Bilbao, mais étranges la vie, le destin et l'ennui seulement de sexe, et puisque manquent les extases de saintes et de cléopâtres, il convient de dévier le vrai de quelque autre côté, et donc pour le moment tout ce dont se souvienir de Bilbao ce sont les photos des déchets du chantier prises sur l'escalier qui descend au musée.

Et évidemment la surplace de l'ennui atteint le sommet parmi les délicieuses pages de revues spécialisées en général en contemporary art and culture. Lectures distraites

les bouteilles d'eau minérale - vides - s'accumulent comme dans ces travaux minimalistes qui infestent la section recensions des revues d'art, avec une prise de installation view généralement en 3 niveaux RGB.

Dans la boîte aux lettres des invitations pour private views, opening inaugurations, seules séquelles d'une intense participation qui survie dans le mailing obtus de bureaux de relations publiques avec ces stagiaires mignonnes aux lunettes à montures colorées de nuances saisonnières qui passaient des après-midi reglés par le bourdonnement des imprimantes.

La paranoïa qui se construit des maisons instables comme celles des films de Buster Keaton. Dégoûtante tentative de contenir le narcissisme comme le comique américain qui rase les murs dans le film de Samuel Beckett. Et le masque phénicien qui vous regarde cloué sur le mur blanc comme certains petits portraits de Bacon dans ses immenses triptyques

Dans les musées il y a des corps aériens, des plaids qui respirent automatiquement ou des tas de chiffons à la Cattelan ou à la Boltansky.
Mais nous nous voulons vivre avec l'art, c'est tout ce que nous voulons, déclaraient candidement Gilbert et Georges.

Précipitons-nous en arrière pour un instant il est possiblie de prévoir la réversibilité ou nous perdrions la face dans un monde où on expose des guillotines "Chanel" et des maquettes de camps de concentration réalisées avec les boîtes de Prada.

Allons donc nous protéger derrière les murs des galeries et des musées. C'est l'endroit où nous pourrons toujours trouver une réponse ou une nouvelle équivoque.

Dans tout bon hôpital les horaires de visite sont règlementés, air et lumière à tous les étages, eau et gaz prévoyait Duchamp, art et argent Hans Haacke, quoi qu'il en soit tous sur la même petite plaque bleutée. Ce ne sont pas des morgues mais précisément des hôpitaux avec cantines restaurants et queues pour le ticket et des gens qui étudient les maladies qui ont successivement affligé euphorisé ou détruit un stade définitif ou presque de l'aventure humaine. Et comme dans les hospices tant d'animation pour maintenir en vie le corpus gâteux d'une longue hospitalisation qui coûte cher à la collectivité.

Mais c'est ainsi l'euthanasie n'est pas un concept facile à digérer, n'en déplaise à Hegel et aux prophètes de la mort de l'art, plutôt une offre continue de médicaments alternatifs.
Après l'art la philosophie avec Kosuth ou plutôt après l'art encore l'art.


la capacité chamanique de Joseph Beuys, les troubles rétiniques de Pollock, l'absurde cohérence axiomatique de Kosuth. Comment conjuguer Wittgenstein et Rothko. Une possibilité recherchée par Derek Jarman et résolue en un instant avec naturel.


Alignés avec les masques papous, il y a les Miro, Picabia et Duchamp comme une moderne WunderKamer de princes prolétariens, ni plus ni moins disposés comme votre pacotille sur les guéridons. Le subconscient se présentera alors à vous comme ce vaste territoire où un quelconque objet d'artisanat, du moment qu'il est culturellement éloigné de vous, peut en soi rivaliser par la forme avec Donald Judd et le battre! Triste le destin de l'art dematerialize

Or… les jeunes filles curieuses bombardent de questions, elles confondent allègrement Michel- Ange et Ingres mais elles sont folles des lunettes de Gucci. Au-delà des résultats j’ immagine totémiquement les victimes désignée de l'esthétique Rembrandt-Disney

Refaire Monet au point de croix et tomber du ciel à la moindre allusion à l'homosexualité du divin Buonarroti

Etant donnée l'interchangeabilité de toute oeuvre et réecriture de l'art de l'après-guerre, qu'est-ce qui vous scandaliserait le plus? Apprendre que la CIA finançait les activités culturelles avec un département spécifique qui soutint d'abord l'Expressionisme abstrait et ensuite le Pop Art?

Allons Picasso, ne nous le cachons pas : ce que nous cherchons tous les deux dans l'art c'est l'atmosphère de notre première communion , dit franchement Matisse. Ou bien ils chassent en meute comme les loups et ... il faut toujours monter une situation un climat une tendance si possible torride et snob.

En trois mots, la commedia dell'arte.

l'élargissement politique d'un trou de Fontana

un documentaire sur la vie de Philip Guston, le communiste aux pieds coupés sur le tapis huile sur toile de grandes dimensions. Que nous dit le compagnon de route de Pollock peintre nocturne qui a évité la renommée ...

Quels pourraient être nos mandalas à réaliser en sable? Le ticket d'entrée au Moma rouge avec un cercle noir de Pollock, agrandi comme les cercles de Jasper Johns, ou l'anonyme ticket de l'exposition Rivalité a Venise: Titian, Tintoret, Veronese

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